Journée du patrimoine 2009

« Ibos : la Collégiale et le village »

Notes prises lors de la conférence de M.Cassagnet pour les Journées du Patrimoine (19/09/2009)

 

 

Ibos Nom très simple et très compliqué

 

  • « Os » : terminal local très vieux que l’on trouve il y a 2000ans. C’est un terminal aquitain,  pyrénéen que l’on trouve aussi bien sur le versant Nord que sur le versant Sud.
    « Os » : veut dire « le domaine de », « celui qui possède le domaine de »…d’une grande exploitation rurale. A l’époque des romains, celui qui possède une grande exploitation rurale veut dire qu’il est bien avec les romains, qu’il est bien introduit auprès des romains.
  • « ib » : les linguistes ne sont pas d’accord.
    « ib » veut dire « quelqu‘un d’ici »
    Donc Ibos signifie quelqu’un d’ici qui a un vaste domaine agricole. Ceci trace la vocation d’Ibos qui durera pendant 2000 ans.
    Ibos est donc une concentration de gens ou un lieu de vie de paysans sur un site relativement plus favorable que le bas-fond de l’Adour à Tarbes. Ici on est sur le « pouey », c'est-à-dire la montée, la terrasse, qui est un terrain plus favorable que les graviers et le sable du niveau de l’Adour. Il suffit de lire dans le patrimoine architectural d’Ibos cette prospérité de la terre. Exemples : ces grands murs de ferme qui cachent la fortune de la terre, ces cours pavées, ces portails couverts…

Quand la première église d’Ibos ?
Certainement elle se trouvait à l’emplacement de la Collégiale.

Le christianisme rentre ici au IIIème siècle de notre ère, porté par des gens d’ici et des gens d’ailleurs : Saint Martin depuis la vallée de la Loire et les saints locaux tels Saint Orens, Saint Sever, Saint Félix, Saint Lézer et des saintes telles Sainte Quitterie, Sainte Foy.

Les premières églises sont des temples romains. Là où au Ier siècle de notre ère on a honoré Jupiter, Saturne, Vénus, Mars, ces temples romains vont passer dans la tradition catholique Ex : Maubourguet, Aureilhan, Vic, Trie.
Ces lieux de culte sont près de l’eau qui était sacrée pour le païen comme pour le christianisme. Ex : rôle de l’eau pour le baptême
Il n’est pas impossible que sous la Collégiale il n’y ait pas un temple romain ; cela n’a jamais été mis en évidence.

Vers l’an 1000, le christianisme est sauvé. Le paganisme des romains a disparu. Les églises de cette époque sont faites de bois et de galets :  une base de un à deux mètres de galets et ensuite l’armature est faite de bois. Ex : Andrest.
Les premières églises maçonnées avec galets ronds, des cailloux, du sable et du gravier, des briques récupérées de l’époque romaine, datent du XIème et XIIème siècle. Elles sont situées sur le même lieu que les autres. Charpentées, elles ont un toit de lauzes. Ex : Séméac, Vic. Elles ont également une porte romane, deux contreforts, un clocher mur avec des niches pour les cloches (le clocher mur est sacré en Bigorre). Sans doute qu’Ibos avait une église comme cela auparavant, mais ça n’a pas été mis en évidence à ce jour.
Ces églises de 1100 - 1150 sont plantées au milieu du village, entourées d’un peu d’eau et autour de l’église, au premier rang, on trouve les vivants et les morts en communauté. On trouve aussi bien le cimetière que les petites maisons très légères qu’habitent les paysans.
Au XIème et XIIème siècle, les gens vivent autour de l’église et aussi dans des hameaux dispersés. Ibos est un exemple de ce type de village.
La Collégiale a sans doute été précédée de ce type d’église. Le village, ensuite, n’a pas arrêté de se construire de façon concentrique en alternant les rues, les maisons, et, en protection l’eau. Le centre du village reste toujours le chœur de l’église. On peut schématiser Ibos en décrivant : un sanctuaire avec un chevet tourné à l’Est et  le Mardaing qui est proche. Des dizaines de villages sont ainsi Ex : Oléac Dessus, Aurignac.
La fortune rurale d’Ibos a fait que le village, de forme concentrique, s’élargit. Chaque trait concentrique marque la prospérité du village.
La première trace écrite qui cite Ibos date de  1140, donc de 900 ans. S’il y a un village qui s’appelle Ivos, il y a forcément une église.

Vers les années 1280, on a commencé à bâtir la Collégiale.
A partir de l’an 1000, les grands ordres religieux, tout particulièrement les bénédictins s’installent en Bigorre et contrôlent les voies de pèlerinages.
La première voie passe par Montpellier, Toulouse, l’Isle Jourdain, Auch, Maubourguet, coupe vers Morlaas, Lescar, ou à partir de Maubourguet qui est un carrefour, va vers la vallée de l’Echez, la Bigorre avec des abbayes  à Larreule, Saint Lézer, Saint Pé, Saint Savin. Si à Maubourguet, on bifurgue vers la vallée de l’Arros, on trouve les puissantes abbayes de Saint Sever de Rustan et l’Escaladieu.

Certains ordres monacaux refusent de prononcer tous les vœux. Ces « demi moines » assumeront certaines fonctions tel le service de Dieu, l’enseignement, la gestion de la paroisse. Ils décident de s’installer dans une église paroissiale où ils siègent ensemble et cette puissante église s’appellera une collégiale. Parfois, ils appelleront cette église « La Sède » car ils pourront s’asseoir, tous à égalité.

La Bigorre, champ privilégié des guerres de religion, est située entre le Béarn où demeure la grande patronne des protestants de France: Jeanne d’Albret et l’Armagnac qui, ultra catholique, est au service du Roi de France.
 En 1569, une armée de 20 000 hommes, qui vient de Castres et se rend à Navarrenx, commandée par Montgomery, sous les ordres de Jeanne d’Albret, va attaquer les catholiques. D’août 1569 au 8 septembre 1569, la Bigorre est ravagée : les moines de Trie et de l’Escaladieu sont pendus, douze abbayes sont brulées ainsi que 120 églises détruites (en abattant le clocher mur, ils sont sûrs que l’église va être détruite). Ibos n’y a pas échappé. De ce fait,  il n’y a plus d’églises du Moyen Age dans notre région. Du Val d’Adour  jusqu’à Montgaillard et Lourdes, elles ont été toutes brulées ; uniquement dans les vallées il en reste quelques unes.
A partir de 1650, elles ont été rebâties; on a surtout soigné l’intérieur des églises. Le Val Adour récupère une belle image au XVIIème siècle avec l’art religieux baroque et ses retables dorés mis en valeur par des hommes tels Soustre, Brunelo, Ferrère.   

La fortune d’Ibos date du XVIIIème siècle. Elle s’est faite avec les grains, les équins (chevaux de cavalerie pour l’armée, les mulets pour le commerce avec l’Espagne, les ânes) et la vigne (que l’on trouve sans interruption d’Ossun jusqu’à Castelnau Rivière Basse.
C’est la fortune rurale d’Ibos qui  a fait celle du collège de chanoines, et ce, grâce à leur bonne gestion de la paroisse.

La Collégiale : le terme est aquitain et aura beaucoup de succès dans la péninsule ibérique et en Amérique du Sud.
Elle a été construite dans une période de paix et de prospérité, juste avant la guerre de Cent ans. Preuve que l’économie régionale est prospère, on construit des collégiales à Ibos, Lembeye, Galan.
Pendant les guerres de religion, on a volontairement détruit une partie de l’intérieur de la  collégiale pour refuser les ultras du catholicisme qui commettaient des crimes parmi la population et qu’on appelait La ligue.

La Collégiale possède

  • un chevet tourné vers l’Est qui évoque celui de la cathédrale de Troyes, crée aussi au XIVème siècle. Elle a les mêmes plans, les mêmes formes que cette cathédrale. Il est probable que des architectes ou constructeurs soient venus de la Champagne
  • Le clocher : Sans doute, des constructeurs venus de Bohème et d’Europe Centrale sont venus à Ibos car le  clocher est une copie des clochers slovaques. On trouve des clochers semblables à Baudéan ainsi qu’à Campan et Aurignac
  • La nef : date du XIVème siècle; elle allait plus loin à cette époque avec un chevet qui a été entièrement refait, doté d’une croisée d’ogives. Très belle œuvre gothique mais le gothique arrive en Bigorre deux siècles après Notre Dame; on peut appeler cela le « gothique de Phébus. »
  • Dans cette Collégiale, il n’y a jamais eu de retable.
  • La chaire à prêcher, faite en noyer, est classée depuis 1977. D’une beauté rare les  quatre faces de la cuve sont sculptées ainsi que l’entonnoir de base. Elle possède également un escalier sculpté.
  • La statue de Saint Laurent, du XVIIIème, faite dans du tilleul, est classée aussi depuis 1977. On notera l’influence hispanique: la Collégiale d’Ibos est dédiée à Saint Laurent qui est un saint de l’église hispanique (l’Escorial est dédié à ce Saint).
    Dans le diocèse de Bigorre, on recense 8 églises dédiées à Saint Laurent pour 65 dédiées à Saint Martin et 96 Notre Dame.
  • Les fonds baptismaux qui sont également classés, datent de la fin XVIIIème, début XIXème
  • Les lambris sont en noyer. Certains panneaux sont mono pièces, ce qui veut dire que dans les vignes d’Ibos, il y a 250 ans, il y avait des noyers centenaires dont on peut tirer des planches de 44cm de large.
    On ne sculpte jamais les statues dans du noyer car il a des éclats et les statues peuvent arriver à se fendre ; toutes les belles sculptures du Baroque sont faites dans du  tilleul
  • L’autel tombeau est en marbre de Sarrancolin
  • Les deux anges adorateurs, de par et d’autre de l’autel, sont représentatifs du baroque

La Collégiale

  • Est construite avec des galets des champs, de la molasse de Rabastens et de la brique du coin.
  • Les murs : ont été construits avec des cailloux placés en lit de fougères et avec des galets
  • La calade date du XIXème siècle
  • Le puits : n’était pas indispensable à Ibos car il y a de l’eau partout.
    Il a un rôle cadastral : le point 0 part de là.
  • Le premier cercle autour de l’église, dit enclos ecclésial, date du XIIème siècle. Il a toujours un fossé (qui n’est pas visible aujourd’hui à Ibos)
  • La Collégiale n’est pas bâtie sur un lieu au hasard (idée d’une ancienne église bâtie peut-être sur un temple romain)

L'association Demain la Collégiale réalise des travaux d'études et de recherches autour de la Collégiale et de de son environnement. Ces travaux sont consultables sur ce site.
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